Nous sommes en août 1968 et toute la famille de Richard part en voiture pour rendre visite à de la famille à Montréal.
Il faut environ une heure et demie pour se rendre de Trois-Rivières à Montréal, mais le temps devrait filer, car Richard, alors âgé de 20 mois, a ses deux sœurs, Denise, 2 ans, et Francine, 4 ans, pour lui tenir compagnie. Sortie de nulle part, une voiture fait une embardée dans leur voie, de beaucoup trop près.
Le choc a été terrible. En une fraction de seconde, Richard a été éjecté du véhicule, quelques instants seulement après que sa mère ne l’ait pris sur ses genoux parce qu’il pleurait. Il a atterri dans un fossé boueux, ce qui l’a probablement sauvé malgré le renversement de la voiture familiale et son atterrissage sur la moitié de son corps minuscule. L’autre voiture ne s’est jamais arrêtée. C’était un délit de fuite et à l’époque, il n’y avait pas de satellite, de GPS ou de téléphone portable pour appeler à l’aide. Le père de Richard perdait du sang à la suite d’une blessure à l’abdomen causée par le volant. Sa mère semi-consciente était coincée sous la voiture avec une jambe écrasée. Une femme âgée s’est arrêtée sur les lieux de l’accident et, à la demande du père, a emmené les deux sœurs à l’hôpital.
Miraculeusement, toutes deux s’en sont sorties sans une égratignure; cependant, Francine, sous le choc, a été incapable de marcher pendant trois semaines. Un jeune homme s’est également arrêté sur les lieux et a aidé le père à sortir de la voiture. Ensemble, ils ont réussi à soulever le véhicule pour libérer le bébé qui était vivant, mais qui ne bougeait pas. Malgré les supplications du père, le jeune homme a refusé d’emmener le bébé à l’hôpital de peur de le voir mourir en chemin. Heureusement, une ambulance est arrivée et a pris en charge le bambin. Le bébé et le père ont été transportés à l’hôpital tandis qu’une deuxième équipe d’ambulanciers travaillait pour libérer la mère de l’épave de la voiture. Son bassin brisé a rendu très difficile la libération de sa jambe et après plusieurs tentatives, la conversation a bifurqué vers une amputation. Malgré son état, la mère a entendu le plan et, naturellement, a insisté pour s’en sortir sans amputation. Au bout d’une heure et demie, elle était libre.
La vie aux Hôpitaux Shriners pour enfants du Canada
La famille a été envoyée dans différents hôpitaux. Richard s’est rendu à l’urgence de l’Hôpital Sainte-Marie de Trois-Rivières, mais une fois son état stable, il a été rapidement transféré au CHU Sainte-Justine de Montréal. Il a également passé du temps à l’Hôpital de Montréal pour enfants, à l’Institut de réadaptation de Montréal et a finalement trouvé sa place aux Hôpitaux Shriners pour enfants Canada. Malheureusement, ses vertèbres thoraciques avaient été écrasées et sa colonne vertébrale était irréparable, le laissant paraplégique.